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Une semaine merveilleuse au pays de naissance de ma fille
Leceta Chisholm Guibault En octobre 2000, j'ai eu la chance, à l'invitation de ma tendre amie Ali, de passer une semaine merveilleuse au pays de naissance de ma fille. Ma compagne de voyage est, elle-même, mère adoptive d'une petite fille de 3 ans née, comme ma tendre Kahleah, au Guatemala. Ali, qui à notre avantage parle couramment l'espagnol, vit en Ontario avec sa famille. Je dois avouer qu'à plusieurs occasions pendant ce voyage je me suis sentie coupable de ne pas avoir permis à ma Kahleah, maintenant âgée de neuf ans, de m'accompagner dans ce périple. Elle m'avait déjà culpabilisée en me disant très simplement : « Je ne peux pas croire que tu vas dans MON PAYS sans moi !». Honnêtement j'avais de sérieuses appréhensions à propos de ce voyage et ne savais vraiment pas à quoi m'attendre!! Voyager avec une pré-adolescente sensible à ses origines? Quels dangers nous attendaient ... ? À la vue de la pauvreté dans son pays comment réagirait-elle ... ? Aujourd'hui ... les photos, les vidéos que j'ai pu rapporter, sont trop peu pour elle et je ne peux m'empêcher de désirer retourner avec elle dans ce merveilleux pays! Quand Ali, ma complice, m'avait invitée pour ce voyage, elle savait très bien par nos conversations antérieures, combien je regrettais le fait que Kahleah ait été escortée en 1991 et que j'avais besoin de ce voyage. Ceci jumelé au fait que nous partagions ensemble ce sentiment que nous devions connaître le pays d'origine de nos enfants de façon particulière et que nous voulions établir et garder des liens avec la famille d'accueil de nos enfants respectifs, comprenant l'importance du lien qui unit nos enfants avec les personnes qui ont été les premières à s'occuper d'eux. Nous sommes, toutes les deux, à la recherche du maximum d'informations possibles sur la famille d'origine de nos enfants. Nous désirions rencontrer, entre autres, cette dame qui offre des services de recherche pour les familles adoptives. Arrivées au Guatemala nous avons tout d'abord visité les villes d'Antigua et de Panajachel. Nous avons beaucoup magasiné. Puis, nous avons visité le lac Atitlan, le plus beau paysage du monde, à vous couper le souffle. Nous avons pris une excursion en bateau qui nous a fait voir les pourtours du lac; nous y avons vu un baptême, des femmes qui y lavaient du linge et des familles entières qui s'y baignaient. Nous avions établi une petite routine qui nous amenait, chaque jour au foyer/orphelinat AMOR à Guatemala City. Même si nous étions épuisées, chaque visite ravivait nos espoirs et notre motivation. De voir ces petites frimousses heureuses d'être enlacées, caressées, chatouillées et embrassées nous guérissait de tous les maux. C'est aussi un honneur particulier pour moi de remettre un grand sac de petits cadeaux, amassés par les élèves de la classe de Kahleah. À l'orphelinat, on a accroché rapidement au mur une photo des généreux donateurs, ces enfants d'un autre monde. La rencontre avec Morena, la mère d'accueil de Kahleah fut pour moi la réalisation d'un rêve très cher. Nous avions entretenu une correspondance assidue pendant près de cinq ans. Durant notre attente, au début de 1991, nous recevions des nouvelles par le biais de notre agence. En plus des suivis médicaux il y avait toujours des photos, montrant entre autres notre petite Kahleah dans les bras de Morena. Combien je l'enviais de pouvoir ainsi la tenir dans ses bras! Il était évident que notre petite était aimée et qu'on s'en occupait très bien. À cette époque, les contacts avec les familles d'accueil n'étaient pas encouragés par l'agence et pour être honnête je n'ai pas demandé à maintenir la relation. Le fait que notre enfant ait été escorté plutôt que ramenés par nous du Guatemala a probablement joué un rôle dans cet état de chose. Je me souviens très bien du sentiment de libération que j'ai ressenti quand, après six mois environ, Kahleah avait maintenant passé plus de temps avec nous qu'avec Morena ou toute autre famille. Quand Kahleah fut en ’ge de regarder son album-photos, il m'apparut clairement qu'elle désirait en savoir plus sur cette femme qui la tenait dans ses bras ... M'aimait-elle? Prenait-elle bien soin de moi? ...tait-elle mariée? Comment j'étais moi? Est-ce que je pleurais? ... Qui ne veut pas répondre aux questions de son enfant? En fouillant dans les documents d'adoption nous avons pu répondre à certaines de ses questions mais nous désirions en savoir plus. Heureusement, nous avions retrouvé l'adresse complète de sa famille d'accueil dans un de nos documents. J'ai donc décidé d'écrire. La première lettre que nous avons reçue était pleine d'amour et de remerciements. Morena était tellement heureuse d'avoir de nos nouvelles! Elle a envoyé une carte d'anniversaire pour Kahleah avec quelques photos de bébé inestimables pour moi! Nous nous sommes donc écrits environ une ou deux fois par an à partir de ce moment-là. Il y a maintenant un an, le fils de Morena m'a contacté par courriel ce qui m'a permis de lui annoncer mon voyage au Guatemala ... C'était en octobre dernier. Le deuxième jour après notre arrivée au Guatemala, Ali et moi attendions anxieusement la visite de Morena à notre hôtel. Ali me taquinait ... Il était clair que j'étais très excitée, je me sentais comme à NoÎl. Quand j'ai entendu un petit coup sur la porte mon cúur a presque explosé. J'ai été accueilli à bras ouverts par les yeux les plus doux que je n'avais jamais vus. Nous nous sommes enlacées pendant un long moment. ...trangement nous n'étions pas des étrangères ... nous étions mères. Un peu étrangement, enlacer Morena me rappelait ma mère, je pouvais sentir, presque palper l'amour qu'elle éprouvait pour Kahleah. Après s'être assises, je ne pouvais détourner mon regard de son doux visage. J'étais heureuse qu'Ali soit avec moi pour traduire nos conversations. Morena m'apprit que Kahleah était la première enfant que sa famille avait prise en famille d'accueil. C'est par hasard que la famille de Morena est devenue famille d'accueil. Un dimanche à la sortie de l'église Morena a été approchée par un avocat qui avait remarqué l'amour inconditionnel de Morena pour les enfants. Il lui a demandé de devenir famille d'accueil pour un enfant qui devait être adopté « dans le Nord ». Morena et sa famille ont immédiatement accepté. Pendant toute la période où nous attendions l'arrivée de Kahleah, j'avais cette peur constante que Morena adopte NOTRE enfant. J'avais même contacté notre agence et on m'avait bien rassurée mais ce sentiment persistait. Morena nous expliqua qu'en raison de l'intégration instantanée de Kahleah dans leur famille et de l'amour que tous éprouvaient pour elle, Morena s'était informée de la possibilité de l'adopter elle-même!!! L'avocat lui avait répondu que c'était impossible puisqu'une famille attendait déjà l'enfant. Toute la famille en avait été très attristée. Ils avaient tous continués à aimer Kahleah et à en prendre grand soin. La famille comprenait à cette époque une jeune fille de 12 ans et trois garçons de 13 à 16 ans. Elle a continué à me raconter comment chaque jour elle parlait à « l'esprit » de Kahleah : elle lui disait qu'elle l'aimait et l'aimerait toujours, que jamais elle ne pourrait l'oublier et que Dieu avait un destin spécial pour elle. Sa famille était en deuil à son départ; elle avait déjà pris un engagement pour prendre un autre enfant mais ne pouvait s'y résoudre ... la peine était trop grande. Elle me donna quelques photos prises quelques instants avant le départ de Kahleah avec son escorte : on pouvait voir la tristesse et la douleur sur son visage. Après le départ de Kahleah, Morena ne reçut que deux photos de notre avocat et quand elle demanda à recevoir d'autres nouvelles celui-ci refusa en expliquant qu'à cause des différences économiques entre la famille d'accueil et la famille adoptante il n'était pas très sain de poursuivre la relation. J'en étais très attristée ... après tout nous aimions toutes les deux cet enfant. Morena me raconta ensuite sa peur « des bébés achetés pour les transplantations » et ce malgré, leur niveau d'éducation supérieure (Benjamin, le mari de Morena est dentiste et enseigne à l'Université). Ils ont donc été soulagé d'avoir de nos nouvelles et de recevoir des photos de Kahleah. Nous avons échangé quelques petits cadeaux et des photos. Morena prenait soin d'examiner chaque détail des photos à la façon de grand-parents, on aurait dit qu'elle n'en croyait pas ses yeux. Ensuite, nous avons visionné un vidéo que Kahleah avait préparé juste avant notre départ; les yeux de Morena étaient scintillants. Morena avait des cadeaux pour nous tous, incluant Ali. C'était évident qu'elle avait mis un soin particulier à les choisir. Elle a beaucoup apprécié les petits cadeaux que j'avais apportés pour elle. Nous avons donc terminé cette première rencontre avec l'enregistrement d'un petit message vidéo pour Kahleah. Je n'étais pas au bout de mes larmes ... Avant de partir, Morena nous a invité à souper le lendemain chez elle. J'allais enfin rencontrer le reste de la famille, cette famille qui avait accueilli notre petite fille pendant les cinq premiers mois de son existence! Juan Pablo, le fils de Morena vint nous prendre en fin de journée à notre hôtel. C'était un peu inquiétant de circuler dans la ville le soir (en automne le nuit tombe vers 17h00). La maison de Morena n'était pas comme je l'imaginais (bien que je ne savais trop quoi imaginer). Je croyais qu'ils étaient plutôt pauvres, avant de voir ce qu'est la vraie pauvreté. C'est ce soir là que j'ai appris que Benjamin, le mari de Morena était dentiste et enseignait à l'Université. En entrant dans la maison nous avons été accueillies avec chaleur par Benjamin et Morena, Flavio le plus jeune de leurs fils, leur fille Carra, son mari Roland et leur fils Diego ’gé d'un an. Le plus vieux de leurs fils, Jorge, travaillait ce soir-là mais Morena me présenta une photo de lui avec Kahleah dans ses bras. Pendant un instant je me suis sentie comme une vedette de cinéma avec les flashs de caméra à gauche et à droite; ils filmaient tout ce qu'Ali et moi faisions. Il était clair qu'ils étaient tout excités de me rencontrer ... Nous étions le lien avec Kahleah. Chaque enlacement, chaque sourire, chaque respiration et chaque larme me rapprochaient d'eux ... J'étais en famille ... en famille proche. Morena nous avait préparé un repas guatémaltèque typique, simplement succulent. Benjamin remercia Dieu de nous avoir à sa table ... Après plusieurs espoirs de visite durant toutes ces années et ce même si Kahleah n'était pas du voyage, nous étions enfin réunis. Après le repas, nous avons visité la maison, une vaste demeure sur deux étages, étincelante de propreté. Puis Benjamin nous a fait visiter sa clinique dentaire. Puis tour à tour tous ont chanté accompagnés de la guitare, des chansons typiques. Quels talents! Flavio a même joué du sax! Puis Morena de retour de l'étage m'apporta une boîte pleine de photos et de souvenirs, qui incluaient toutes les lettres que nous lui avons écrites, une petite robe confectionnée par sa mère pour Kahleah et un petit sac avec les plus petites coupures d'ongles que je n'avais jamais vues, celles de Kahleah ! Puis LE CHOC, Morena me présenta un document, qui à prime abord me semblait familier, en me disant « Tu dois sšrement avoir ces documents ». En tournant les pages je m'aperçois que j'ai entre les mains une photocopie de la carte d'identité d'ANGELICA, la mère de naissance de Kahleah, ... la première photo, le premier regard sur ce visage ... désappointée ... .Kahleah ne ressemble pas à sa mère de naissance, la photo est petite, en noir et blanc mais quand même. Nous avons entretenu une correspondance importante avec la famille naturelle de notre fils Tristan en Colombie et lui trouvons des ressemblances tant avec sa famille maternelle que paternelle. J'espérais simplement que Kahleah aurait les mêmes ressemblances avec sa famille biologique. J'ai mis ces documents précieux dans mon sac que je gardais jalousement. Il était maintenant temps de se dire au revoir ... Je déteste les au revoir ... Je ne pouvais me résigner à la séparation ... J'étais tellement bien avec la famille de Morena. Dans la voiture de Juan Pablo, accompagnée de Morena qui avait décidé de me reconduire à l'hôtel, j'avais encore un petit quelques chose à partager avec Morena ... Je lui ai dit que je savais maintenant que MA Kahleah avait une maison au Guatemala et que si elle avait adopté notre fille elle aurait eu une vie exceptionnelle avec de l'amour, de l'éducation, de la culture et de la musique ... Je savais qu'elle avait une place dans son pays d'origine. Morena à son tour m'a répliqué qu'elle savait maintenant que Kahleah était là où elle devait être ... avec SA famille. Le lendemain matin ... 6h30. Nous attendons, Ali et moi, en ligne devant le comptoir de Continental Airlines. Morena et Flavio se pointent à l'aéroport! Ils sont restés avec nous jusqu'au dernier moment. Nous nous sommes retournées pour les saluer une dernière fois, après le contrôle de sécurité. Puis plus rien ... Je retournais à la maison. Kahleah, Jean mon époux et moi sommes assis par terre, je leur montre mes achats ... Kahleah adore tout ce qu'elle voit juste parce que ces choses viennent de son pays d'origine. Elle affectionne particulièrement les cadeaux de Morena et de Benjamin pour ce qu'ils ont de particulier. Notre fils Tristan (5 ans, d'origine colombienne) de son côté n'a que peu d'intérêt, à l'exception d'une balançoire que j'ai achetée ... J'avais aussi eu la brillante idée d'acheter le vidéo d'Histoire de Jouet II lors de l'escale à Houston ... Dans son esprit ce vidéo provient du Guatemala. J'ai ensuite montré les photos que Morena nous avait données puis le vidéo avec les messages de chacun des membres de la famille guatémaltèque de Kahleah ... Les yeux de Kahleah sont grand ouverts; elle sourit à tout ce qu'elle voit et demande continuellement : « Est-ce qu'ils sont gentils? ... Je sais qu'ils le sont mais à ton avis? ... » Je ne peux décrire complètement l'expression sur le visage de mon enfant mais à entendre Kahleah parler de SES frères et de SA súur (d'accueil) et à voir la façon dont elle a réagi quand elle a vu le petit de Carra SA súur, ce qui voulait dire que le petit Diego était son neveu ... « Je suis une MATANTE » qu'elle répétait a Tristan, je pouvais voir son petit cúur battre dans sa poitrine et je m'émerveillais de voir la lueur dans ses yeux. Elle était fière !!! Plus tard, ce soir là, nous avons parlé de sa mère . Je lui ai dit que Morena m'avait donné un document avec une photo d'Angelica, sa mère de naissance. Je lui ai dit que j'avais été surprise par cette photo mais que c'était un cadeau du ciel. Elle a immédiatement demandé à voir la photo. Je lui ai expliqué que ce ne serait peut-être pas ce à quoi elle s'attendait (je la savais prête, mais je ne lui ai pas dit que je ne lui trouvais aucune ressemblance sa mère de naissance). Après avoir regardé la photo pendant quelques minutes (une photocopie de la photo) elle m'a dit : « Elle n'est pas comme je l'imaginais ... ce qui ne veut pas dire que je suis désappointée ... Je me suis demandée toute ma vie à quoi elle ressemblait ... Bien maintenant je crois que je ressemble plutôt à mon père de naissance qu'à elle » . Elle a ensuite énuméré plusieurs personnes qui ne ressemblent pas à leur mère, en me citant, bien entendu ... Un point pour elle. Kahleah sait qu'elle peut me parler de sa mère de naissance quand elle le veut et que je la supporte dans son cheminement ... Elle m'a dit qu'elle aimerait bien trouver Angelica juste pour lui dire qu'elle est bien ... Je lui ai parlé d'une intervenante guatémaltèque qui fait des recherches de mères biologiques et nous avons décidé de la contacter.
Et pour Tristan ... ? Tout ce qui l'intéresse pour l'instant c'est de savoir si j'ai voyagé à bord du PLUS GROS avion du monde? Est-ce que c'était le plus rapide? Est-ce que j'ai eu peur? L'avion!!! Ce n'était vraiment rien comparé à ce voyage ... !
Leceta Chisholm Guibault est mère de Kahleah, 11 ans, et de Tristan, 7 ans (du Guatemala et de Colombie). Elle est membre du conseil d'administration de la FPAQ et du Conseil d'adoption du Canada. __________________________________________________ Copyright 2004 Leceta Chisholm Guibault, leceta@citenet.net |
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